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 La place, le fonctionneemnt des équipes dans le travail de la classe à travers l'imprimerie

L’imprimerie dans ma classe représentait des efforts constants de ma part pour exister.

La parution de notre journal de classe était très espacée et malgré le travail par équipes avec un chef d’équipe, c’est moi seule qui portait cette production! Son sens s’estompait…

De plus les équipes avaient assez souvent du mal à intégrer vraiment tous les équipiers, certains enfants ne réussissaient pas à trouver une place, soit pour des questions de comportement et de difficulté à se concentrer, soit parce que le travail lui-même (ex. le tirage) ne justifiait pas l’emploi de 3 ou 4 personnes à la fois.

J’avais parlé de cela avec les uns et les autres lors de réunions informelles où l’on évoque ce qui ne fonctionne pas. On prend le problème par un bout, par un autre…Il n’y a pas vraiment d’enjeu à la discussion mais des solutions apparaissent.

Suite à l’un de ces échanges, j’ai organisé la production de textes imprimés de manière plus ritualisée et rigoureuse, impliquant à la fois le groupe classe et l’équipe, conférant à cette dernière la responsabilité de la production ainsi qu’une réelle autonomie.

Le soir, nous faisons tous ensemble le bilan de notre journée et rapidement nous construisons un texte que nous appelons «Les nouvelles du jour ». Il doit être «court et clair ». Chacun propose :

« Aujourd’hui on a terminé notre album ».

« On a commencé la correspondance ».

« Bonne journée. »

Synthèse, re-formulation de phrases simples. C’est moment très court mais intéressant car il permet, entre autre, un regard rétrospectif sur la journée.

Un élève de l’équipe concernée (équipe 2 ici, par exemple) écrit sous la dictée. Mais l’équipe peut aussi simplement prendre les idées en note et rédiger ensuite elle-même pour le lendemain matin.

 

Dès le tout début de la matinée suivante, une partie de l’équipe commence à ranger les caractères d’imprimerie utilisés par l’équipe précédente.

 

Dans le même temps un autre équipier écrit le texte au tableau. La mise au point orthographique et syntaxique se fait à la suite avec toute la classe.

L’équipe qui a imprimé la veille (équipe 1 par exemple) présente son travail, relit et reçoit remarques et félicitations.

Puis l’équipe 2 s’organise. Deux ou trois enfants (sur 4 en général) devront composer. Un autre met au propre à la main le texte pour le cahier référence de la classe. Il l’illustre ou le fait illustrer par un camarade dont il note le nom à côté du sien au bas de la page.

Tout s’enchaîne, c’est la priorité du jour pour l’équipe responsable.

 

Nous avons ainsi obtenu très rapidement un grand nombre de textes qui donnent une couleur à ce cahier référence.

 

Chaque jour la classe se mobilise, puis l’équipe dont c’est le tour s’organise de manière très autonome, répartit les différentes tâches : prendre en note, rédiger, copier au tableau, décomposer, composer, tirer à l’imprimerie, mettre au propre et illustrer pour le cahier référence, présenter le lendemain… chacun aura à faire.

 

Par exemple :

Le nouveau PJR[1] est sorti. En Côte d’Ivoire, la guerre civile n’est pas encore terminée. Au Japon, il y a de l’uranium qui s’est déversé dans l’eau. Il a contaminé les poissons. La maîtresse n’est pas là. Il y a un remplaçant.

 

Je constate que ce travail donne davantage de sens aux équipes, que les enfants qui ont du mal à y trouver leur place s’y intègrent plus facilement, et que les compétences à l’imprimerie progressent.

 

Annick Marteau Javrezac, Charente

 

 



[1] Petit Jean Rostand, le nom du journal de l’école